Edition 10/18 - 597 pages.
Présentation de l'éditeur :
Playboy millionnaire, l'ignoble Vivek -Vicky- Rai est tué lors de sa propre garden party. Six convives sont
suspectés: un bureaucrate possédé par l'esprit de Gandhi; l'actrice la plus glamour de Bollywood, fan de Nietzsche; un tout petit aborigène très doué pour l'effraction; un gamin des rues voleur
de portables au physique de jeune premier; un monsieur catastrophe texan sous protection judiciaire; et le must du politicien corrompu, le propre père de la victime.
Mon avis :
Merci à Babélio et aux éditions 10/18 pour ce partenariat.
Je n’ai pas lu le premier roman de Vikas Swarup, mais j’ai lu l’an dernier plusieurs romans de littérature indienne. Je ne suis donc pas une novice, mais je ne suis pas non plus une spécialiste. J’aime cette littérature à petite dose.
J’ai l’impression (à cause du passé colonial de l’Inde ?) que la littérature anglaise a une forte influence sur la littérature indienne. Comme dans un roman policier classique, nous avons d’emblée un meurtre et six suspects clairement définis dès le départ : la suite du récit nous montrera comment ils en sont venus à avoir des mobiles pour supprimer la victime. Pas un instant ce Vicky Ray n’est regretté, il a été le point vers lequel ont convergé les six personnages principaux sans être le centre du roman : sa personnalité est si haïssable qu’elle ne mérite pas qu’on s’y attarde.
La composition du roman est extrêmement rigoureuse : présentation des six suspects, mobiles et conclusions. Cette rigueur permet au foisonnement de l’intrigue de se donner libre court. Que de rebondissements, parfois à la limite du vraisemblable (pour l’américain) ou du fantastique (pour l’homme d’affaire). La vision de l’Inde, moderne telle que l’auteur nous dépeint est loin d’être flatteuse : corruption (à tous les niveaux), justice (à plusieurs vitesses), pauvreté et richesse extrêmes. Je n’ai garde d’oublier la condition féminine : même la plus célèbre des stars de Bollywood n’a pas la liberté d’action et la tranquillité de nos stars. Elle est seule, terriblement, et je ne vous parle même pas des filles qui ont encore besoin d’une dot (bien que ce soit illégal) pour se marier avantageusement. La société progresse, oui, mais lentement – trop lentement pour certaines d’entre elles. Vous l’aurez compris, je me suis attachée à ses personnages si divers, à l’exception peut-être de Larry Page, balourd et naïf. Ses aventures sont si nombreuses qu’elles pourraient constituer un roman entier à elles seules.
Dernier point commun avec le roman policier anglais : le dénouement, surprenant. Meurtres dans un jardin indien est un roman à lire pour les amateurs de polars bien construits, bien écrits et pour s'initier à la littérature indienne contemporaine.