éditions Sabine Wiespieser - 162 pages.
Mon résumé :
Pays basque espagnol. 1936. Aïta rentre chez lui, pour l'anniversaire de son fils. Il trouve la maison vide : sa femme, ses fils, ses beaux-parents ont dû fuir car les oncles (les frères de sa femme) sont des activistes anti-franquistes. Grâce à sa voisine, il apprend où ils sont partis, et les rejoint à Hendaye. Les années d'exil commencent.
Mon avis :
J'ai attendu, j'ai même relu le texte avant de rédiger mon avis. Si ce texte a de grandes qualités, il a aussi des défauts,
inhérents à ces qualités.
J'ai été charmé par la langue, absolument magnifique, avec laquelle ce récit est écrit : elle est d'une poésie et d'une
musicalité inouie. Elle tient à distance le pathos, tout en nous montrant les sentiments des personnages face à cette douleur commune : l'exil. Pas de plainte, jamais, pas d'épanchements excessifs : chaque membre de la famille vit l'exil à sa manière.
Aïta et Ama ont tout quitté pour fuir le franquisme et la seule chose qui leur reste est de pouvoir être ensemble.
L'important est que "nous restions en vie,
unis. Toujours libres". La narration est ainsi divisée en deux. D'un côté, nous avons le carnet d'Anna, qui ponctue
les grandes étapes de leur exil (les déménagements successifs, l'envoi des oncles dans un camp de réfugiés) et livre ses sentiments, toujours avec pudeur et retenue, bien qu'il s'agisse d'un
carnet intime. De l'autre, nous avons une narration à la troisième personne, qui nous permet de découvrir Aïta, plus renfermé, mais aussi les trois fils de la maison, chacun ayant un ressenti
différent face à cette nouvelle vie, en France.
Pourtant, les épreuves qu'ils ont traversées sont nombreuses, et c'est là que cette retenue m'a dérangé, car elle se rapproche dangeureusement de l'indifférence. Les camps de prisonniers, puis la seconde guerre mondiale, la résistance, les camps de concentration (la déportation est évoquée) sont si rapidement évoquées que j'ai eu l'impression qu'aucun fait historique ne les touchait, en dehors de ce fait qui bouleversait leur vie : la dictature franquiste. Nous touchons ici à ces rêves oubliés, qui donnent leur titre au livre :
"Nous sommes ici depuis de si nombreux mois et je réalise seulement au soir de cette triste journée que nous avons vécu uniquement dans l’espoir du retour. Ce rêve a lentement embrumé nos esprits, et maintenant la réalité nous frappe de plein fouet, fermant brutalement les frontières. Tant que le dictateur sera au pouvoir, nous ne pourrons pas revenir, nous le savons. "
Ce livre a été lu dans le cadre du prix Océans :
Ce récit est servi par une langue magnifique, d'une musicalité et d'une poésie inouie.
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