édition France Loisirs - 381 pages.
Ma troisième participation au Challenge Inde en fêtes organisé par Hilde et Soukee.
Quatrième de couverture :
Comment s'occuper à la retraite, surtout si l'on a du bon sens à revendre ? Ouvrir une agence matrimoniale, bien sûr ! Aussi M. Ali, originaire de la ravissante ville de Vizag, dans le sud de l'Inde, voit-il son affaire prospérer sous les regards attentifs de son indomptable épouse et d'Aruna, son assistante hors pair. Si la plupart de leurs clients s'en retournent satisfaits, des problèmes ne s'en profilent pas moins à l'horizon.... Une comédie tendre et joyeuse sur le mariage et l'amour dans l'Inde d'aujourd'hui, entre tradition et modernité. Une version à l'orientale d'Orguiel et Préjugés, d'où il ressortira que l'amour sincère ne s'avoue jamais vaincu....
Mon avis :
... mais que dans l'Inde du XXIe siècle, ce n'est pas si facile que cela en a l'air. M Ali a ouvert une agence matrimoniale dont les caractéristiques ressemblent à nos agences occidentales : mettre en relation des hommes et des femmes selon les critères qu'ils ont définis. L'énorme différence est que le mariage sera arrangé par les parents et que l'amour n'est pas du tout obligatoire. L'amour viendra après le mariage. Il n'est pas question de goûts communs mais de caste, d'éducation, de famille (le jeune ménage vit le plus souvent avec ses beaux-parents, aussi les frères et soeurs non mariés sont rédhibitoires) et de dot, bien que cette pratique soit interdite par la loi (mais pas dans la pratique). Un peu plus, et je me serai crue dans une comédie de Molière, où le "sans dot" est un argument de poids, où l'absence de belle-mère est une qualité indéniable.
Si la plupart des candidats finissent par trouver la candidate de leur rêve, si le ton du récit est souvent enjoué, si nous découvrons deux cérémonies de mariage (les heureux mariés invitent rarement monsieur et madame Ali - ils n'ont pas envie de dire comment ils se sont rencontrés), les problèmes et les mutations de la société indienne sont bien présents en toile de fond. Si nous ne voyons aucune jeune femme mourir de façon inexpliquée après son mariage, les jeunes mariées sont impitoyablement chassées si leur mari décède subitement, accusées qu'elles sont d'avoir apporté le mauvais oeil. Les dissensions entre belle-mère et belle-fille sont monnaie courante, surtout si la belle-fille veut travailler, ou ne donne pas tout de suite l'hériter escompté. Quant au divorce, il est impossible d'y songer, à moins de vouloir être renié par sa famille - si un veuf ou une veuve peut difficilement espérer convoler à nouveau, un divorcé doit y renoncer. La religion bouddhiste ne reconnaît pas le divorce.
Intéressons nous plus particulièrement à un personnage clef de ce récit. J'aurai pu vous parler de Rehman, fils unique de M. et Madame Ali, militant acharné des droits des paysans, prêt à tout, y compris à jouer sa liberté et sa santé, pour les aider. Non, je m'intéressais à la secrétaire-assistante de M. Ali, Aruna. Elle a vu ses fiançailles rompues parce que son père est tombé subitement malade et que sa famille n'était plus en mesure de payer la cérémonie. Tout espoir de mariage s'est évanoui pour elle puisque ses parents et sa soeur Vani, étudiante, dépendent de son salaire pour vivre. Nous qui bénéficions de la sécurité sociale, nous oublions souvent que nous sommes des privilégiés : la belle-fille de Leela, la domestique des Ali, doit vendre ses rares bijoux et s'endetter pour que Kush, son fils de trois ans, soit opéré d'une tumeur au cerveau. Et encore, elle a eu la chance d'avoir un chirurgien compréhensif et compétent, qui a respecté les règles de l'hôpital public : le docteur Ramanujan, de la caste des brahmane, a tout d'un personnage de conte de fée. Pourtant, sa très éxigeante famille ne lui trouve pas de fiancée, et c'est pour cette raison qu'elle inscrit le beau docteur au bureau de mariage de M. Ali.
Tout ira bien qui finira bien, grâce aux conseils de monsieur et madame Ali. Elle a beau ne pas travailler officiellement pour l'agence matrimoniale, elle s'y entend pour résoudre des problèmes en apparence insolubles.