édition Points - 478 pages
Mon résumé :
L'hiver est froid en Suède, il est encore plus froid cette année-là. Un cadavre, nu, gelé est retrouvé pendu à un arbre. Qui est-il ? Qui pouvait lui en vouloir à ce point ? Malin Fors enquête.
Mon avis :
Hiver est un très bon roman policier, même si Eté est meilleur encore.
En le lisant, j'ai pensé à la femme en vert d'Arnaldur Indridason. Les crimes du présent ont leur source dans les souffrances et les secrets du passé. Les mobiles sont les plus vieux du monde : la cupidité et la vengeance. Si vous y ajoutez l'art de la manipulation la plus perverse, et une grande habilité à contourner les lois, vous comprendrez pourquoi le ton est sombre, et les enquêteurs toujours sur le qui-vive. Ils nous sont habilement présentés en début du libre, en des vignettes évocatrices de leur vie quotidienne.
Celle qui a la plus grande place est Malin Fors, confrontée à sa fille unique Tove. J'aimerai vous dire qu'elle est en pleine crise d'adolescence, ce serait faux. Tove paraît très sure pour son âge, et pas seulement par ses choix de lecture. Elle est parfois obligée de mettre son inspectrice de mère devant le fait accompli - inspectrice qui aurait bon besoin de faire un peu plus confiance à sa fille. Lucide, la petite Tove. Quant à Jan, son père, il est un héros par son métier, un héros ambivalent car ces prises de risque, inhérentes à son métier, font de lui un homme incapable d'avoir une vie de famille posée - celle dont rêvait Malin.
Je me suis attachée à cette enquêtrice, j'ai envie d'en savoir plus sur elle et sur la cause de cette indifférence que ses parents éprouvent pour elle et leur
unique petite-fille. L'absence de regard bienveillant de ses parents à son égard est sans doute cause de ce mal-être qu'éprouve l'enquêtrice de façon diffuse, qui la pousse à chercher du
réconfort dans l'alcool ou dans les bras de son compagnon de couette. Fort heureusement, elle reste une enquêtrice responsable, qui prend le temps qu'il faut mais ne passe pas à côté des faits
essentiels.
Mais ce que je retiens surtout de cette lecture est la voix du mort, plus intense que dans Eté. Bengt est curieusement apaisé, lui que plus rien ne peut atteindre. En dehors de toute croyance (les "esprits" ne parlent pas de religion), cette présence, au milieu d'une intrigue particulièrement noire, apporte des respirations bienvenues.
Hiver est encore un très bon polar scandinave.
Défi Scandinavie noire et blanche
Le challenge Voisins voisines organisé par Anne.