Merci à Thomas, de la maison d'édition EP-LA Arès (www.ep-la.fr), pour ce partenariat.
Mon avis :
En lisant les premières pages ce livre, j'ai immédiatement pensé à un film : plus que des mots, ce texte fait naître des images. Sans longue description, je vois
les personnages, en marge de tout et de tous. Ils ne sont pas sympathiques, ils ne cherchent absolument pas à l'être, ils sont trop occupés à poursuivre leurs vies en marge et en
miettes.
Que dire sans dévoiler l'intrigue ? Deux réalités s'enchevêtrent. Louise, dite Lou, est-elle cette adolescente paumée, droguée, prostituée, maltraitée ou cette femme qui joue à la bourgeoise et rend régulièrement visite à Nicolas, en prison ? Où est la réalité ? Je n'ai pris que ce personnage en exemple mais chacun d'entre eux semble posséder une double existence, dans le récit de l'écrivain ou dans le récit de Nicolas.
Le style est sujet à des variations. Il peut être simplifié à l'extrême, direct. il peut être plus littéraire, plus normés, dirai-je, surtout dans la dernière partie du roman. Les phrases sont courtes. Souvent, les termes sont familiers, parce que les personnages ne savent pas parler autrement. Je ne vous parle même pas de la syntaxe. Je me suis sentie souvent très décalée en lisant ce livre, qui utilise un vocabulaire qui m'est étranger et qui décrit un univers qui existe, sans doute, mais que je n'ai jamais cotôyé, pas même de manière livresque. Comme si, dans ce partenariat, il y avait erreur sur la personne.
Plus j'avançais dans le récit, plus il m'était difficile de distiguer le fantasme de la réalité. Si je choisissais la facilité, je dirai que l'écrivain remplace Dieu dans ce récit, et que nous sommes tous des personnages d'un livre dont nous ignorons l'auteur. Seuls quelques-uns des personnages parviennent à s'adresser à lui. Je choisirai donc de croire plutôt que nous avons là un livre construit de plusieurs strates, dans lequel l'écrivain-personnage explore les variantes possibles de son histoire, réincarnant tour à tour certains personnnages-fanstasmes, réécrivant des situations avec comme dénominateur commun la violence.
Le terme même me paraît faible car j'ai été véritablement choquée par ce récit. Je ne vous parle pas du point de vue développé sur les psys, leurs thérapies discutables, leurs échecs avec leurs propres enfants ou leurs névroses. Ce sont des clichés bien connus, pour rester dans le domaine littéraire. Je ne vous parlerai pas non plus de l'homosexualité perçue comme une maladie à soigner. J'ai été choquée par la banalisation du viol, par la prostitution, par l'énumération des déviances sexuelles, auxquelles pourtant les prostituées, toutes génération confondue, acceptent de se livrer. Je n'ai même pas envie, concernant cette partie du récit, de sortir à mon tour des clichés tels que "témoignage sur une réalité" ou "vide de notre société actuelle", "argent facile", "mal-être" parce qu'il n'est que deux échappatoires, en dehors de l'innocence d'une enfance condamnée à prendre fin : la mort et la folie.
Pour être au plus prêt du récit, je termine cet article par Nantes, de Barbara, souvent écouté par Louise et sa mère.
A la demande de certains blogo-lecteurs, voici un extrait du roman, portraot de Nicolas, p. 25:
"C’est à cette époque que Nicolas s’est mis à écrire des poèmes et son
premier roman. Parce que schizophrène et artiste, les filles, elles craquent.
« Nico est trop mimi » qui plus est. Un grand blond taillé dans du roc, la
posture de Jim, des cheveux longs et un regard bleu, caressant, toujours
dans le vague. Pour l’heure, il n’écrit plus pour la pose et tremble comme
une feuille en public. Craint les autres. Pas par manque de confiance, non.
Simplement la peur de révéler quelque chose en lui. Quoi ? Il l’ignore, mais
ce n’est pas forcément une faiblesse."