édition France Loisirs - 426 pages.
Mon résumé :
1992. L'URSS est en train de s'effondrer. Les républiques baltes réclament et obtiennent leur indépendance. L'Estonie en fait partie. Aliide, une vieille dame, attend. Elle craint les pillages.Un jour, une jeune femme, Zara, trouve refuge dans son jardin. Qui la recherche ? Aliide l'aidera-t-elle ? Qu'est-ce qui peut bien lier ces deux femmes ?
Mon avis :
Purge a à mes yeux un atout : ce livre ne peut pas laisser indifférent. Il ne peut pas non plus s'oublier une fois que la page est refermée. Même si je l'ai terminé récemment, je suis certaine que je pourrai encore en parler dans un an, dans deux ans, comme Irlande, nuit froide de Deirdre Madden, La couleur du bonheur de Wei-Wei ou Quand tu es partie de Maggie O'Farrel (lu il y a neuf ans).
Purge est avant tout une histoire de femmes, une histoire aussi de rivalité entre deux soeurs, au point que les générations suivantes se limiteront à une fille unique, une fille que, le plus souvent, sa propre mère ne parviendra pas à aimer. Je suis très sensible, de par mon histoire personnelle, à ce que dit Aliide quand elle dit qu'elle ne peut transmettre à sa fille les chants et les légendes estoniennes que sa mère, et sa grand-mère avant elle lui racontait. Ne pouvoir transmettre est ne pouvoir être une mère pour sa fille.Talvi est en dehors du récit, toujours, car elle a choisi une autre voie (voix?) celle de l'ouest.
Sofia Oksanen écrit de la Finlande, en finnois (pardon pour la redondance mais elle est utile) l'histoire de son peuple, les estoniens. Ils ont perdu leur terre, leur langue, leur coutume, et au moment où se situe l'action, nous n'en sommes qu'au début d'une possible reconquète. Pourtant, Sofia parvient à créer une magnifique fresque romanesque, sans jamais tomber dans l'écueil de la reconstitution historique. C'est vraiment de l'intérieur, avec les tripes, le sang et les larmes des femmes que se vit ce récit d'une page de l'histoire dont on parle peu. Même la catastrophe de Tchernobyl trouve sa place au coeur de ce roman, sans que jamais je n'ai eu l'impression que l'auteur jetait des balises historiques ici ou là pour raccrocher ses lecteurs à des faits connus. Du grand art, vraiment.
Ce récit âpre, fort, bouleversant, évite aussi tous les écueils de la sensiblerie ou du voyeurisme, même s'il nous donne à voir et à sentir la désolation de
certains. Plus qu'un livre à chroniquer, il est un livre à lire et à relire, parce que j'ai souvent eu l'impression d'avoir oublié tel ou tel fait.
Les avis des cinq autres participantes : Hélène Choco, Miss Léo, Une Comète, Anne et Philisine Cave
Défi Scandinavie noire et blanche
Le challenge Voisins voisins organisé par Anne.