édition Du Paléron - 296 pages.
Circonstance de lecture :
Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas réveillée à deux heures du matin. Sachant que je ne me rendormirai pas - la preuve, je suis devant mon ordinateur - j'ai pris un livre et l'ai lu en son entier. Corriger des copies la nuit, très peu pour moi, cela me rappelerait de mauvais souvenirs.
Mon résumé :
Mary Lester a claqué la porte de la police et dans cet opus, elle n'imagine pas encore qu'elle réintégrera la grande maison. Elle a le temps de voir venir mais son sens de la justice et sa capacité à s'investir dans une mission sont toujours intacts. Aussi, quand Hervé Coppeau, déjà bien amoché à la suite d'un grave accident de voiture, vient lui demander de prouver l'innocence de sa soeur, accusée d'un crime sanglant, elle n'hésite pas très longtemps à lui venir en aide.
Mon avis :
Paradoxe : alors que cette enquête porte le nom des Duchien, c'est à un chat que Mary Lester confie la garde de son foyer. Au vue des résultats, elle n'a pas tort. Le capitaine Mercadier peine encore à se remettre de cette rencontre inopinée. Les Duchien en question (ceux qui ont rédigé le testament Fernand et Marie, modiste réputée) étaient de leurs vivants des personnes fort sympathiques, au grand sens de l'équité. Ils seraient les premiers catastrophés par les conséquences de leur testament.
En effet, le meurtre atroce de Louise Duchien et l'agression subie par son mari Jean apparaissent comme les suites logiques d'une succession qui ne parvient pas à se régler - à cause des deux personnes nommées ci-dessus. Régler une succession, ce n'est pas rien, surtout quand une quinzaine de personnes sont couchées sur le testament. Tout aurait pu être simple si les Duchien héritiers n'avaient été si âpres au gain. A cette occasion, je placerai bien quelques blagues sur l'économie des Léonards et l'avarice des Bigoudins (je vous laisse deviner de quel pays breton est native la personne qui me les a comptées) mais la situation est trop grave pour plaisanter.
D'abord, la gendarmerie en prend plein la figure. Pressé de tenir un coupable (une agression sur personnages âgées, même insupportable, fait tache dans le paysage), l'adjudant-chef Mercier se frotte les mains d'avoir incarcéré rapidement la coupable. Un mobile, une arme du crime, pas d'alibi, il n'en fallait pas plus pour réjouir l'enquêteur (du dimanche ?) et faire gonfler ses statistiques. Pour certaines âmes simples et manipulables, la gendarmerie a toujours raison, la présomption d'innocence n'existe pas, et voilà Herveline Coppeau condamnée à attendre son procès, laissant les braves gens (ceux qui se proclament tels) dormir en paix.
Mary Lester enquête, encore et toujours ai-je envie de dire, sans autre soutien que celui apporté par une ancienne connaissance (Leblanc, rencontré lors de
l'affaire du Manoir écarlate), par la naïve honnêteté des Coppeau - autant dire que les deux forment un mélange explosif pour qui voudraient leur faire porter le chapeau - et par la
franchise d'une partie des membres de la famille Duchien. Tous ne sont pas comme les malheureuses victimes, Louise et Jean, tous ne cherchent pas à semer la discorde partout où ils passent, et
certains membres de cette famille sont même éminemment sympathiques. Leur différence ? Leur indépendance, sans doute, qui est aussi celle des Coppeau : ils ont mené leur vie comme ils
l'entendaient, sans se soucier de la sécurité de l'emploi, et sans rechercher le gain à tout prix. Au final, il est rare que Mary Lester n'enquête sur un crime sordide, qui prend naissance dans
ce qui devrait être le dernier ilôt de sécurité : la famille.
Bien sûr, je connais déjà la réponse à cette dix-neuvième enquête (il est tout de même rare qu'un roman policier ne se conclut pas sans que l'identité du coupable
ne soit révélé) et je sais que Mary Lester redeviendra capitaine de la police (sans être mutée à Sarcelles). Il me reste à trouver les tomes 20 et 22 pour compléter quelques lacunes dans ma
connaissance du parcours personnel du capitaine Lester.