Quatrième de couverture :
Adraste peut aussi compter sur son valet. Il aime la belle Isidore et doit redoubler d'efforts pour la soustraire à celui qui veut l'épouser.
Mon avis :
Le Sicilien est une courte pièce de Molière : un acte, vingt scènes et tout de même trois intermèdes musicaux. Cette œuvre a été créée pour la troisième version du Ballet des muses en février 1667. Ce ballet – les spectacles se déroulèrent sur une durée de deux mois – célébrait la fin du deuil de la reine mère Anne d’Autriche mais aussi la puissance du règne de Louis XIV.
Etant donné la durée des divertissements, il me paraît très difficile de la représenter dans qu'ils soient interprêtés. Je n'ose pas non plus imaginer une mise en scène dans laquelle les chants seraient massacrés (j'ai une certaine mise en scène du Bourgeois gentilhomme en tête). Le but de cette pièce est clairement le divertissement, l’exotisme. L’action ne se passe pas en France, mais en Sicile, ce qui explique le tempérament excessif et jaloux de Dom Pèdre – un français ne se comporterait pas ainsi. Un français ne proposerait pas non plus de faire tuer un offenseur, il le provoquerait en duel - les français sont hommes d'honneur.
Si la pièce n’est pas la plus originale qu’ait écrite Molière, je me suis amusée à retrouver des personnages, des situations, que Molière développera dans des œuvres ultérieures. La jalousie de Dom Pèdre préfigure celle de George Dandin, et Isidore gratifie son geôlier d’un discours sur la liberté des femmes qui trouvera des échos dans celui que tiendra Angélique devant Dandin. Hali se vante de ses fourberies, comme Scapin, et c’est par le biais des arts qu’Adraste, métamorphosé en peintre, approchera la belle Isidore, c’est par les chansons qu’il lui dira son amour, tout comme Cléante, devenu maître de musique, dévoilera ses sentiments à Angélique dans Le malade imaginaire. Enfermer sa belle, fut-elle une ancienne esclave, n'est pas le meilleur moyen de se faire aimer d'elle (n'est-ce pas, Arnolphe ?), et même si Isidore et Adraste ne se sont d'abord aimés que des yeux, Adraste a su se faire aimer, lui. Il a même su, avec la complicité d'Hali, organisé un stratagème pour soustraire la belle à son geolier. Figaro, un siècle plus tard, ne fera pas mieux.
Je vous quitterai sur cette citation d'Adraste :
"Les Français excellent toujours dans toutes les choses qu'ils font".