Mon résumé :
Antonio, marchand de Venise, est le meilleur ami de Bassanio. Ce dernier a besoin d'argent, aussi Antonio emprunte-t-il de l'argent à Shylock, usurier juif. Si Antonio ne paie pas, il devra donner à Shylock une livre de sa chair.
Antoni : challenge God save the livre.
Un classique par mois organisé par Cécile
Mon avis :
Je connais cette pièce de réputation. Deux rôles, surtout, sont connus : Shylock, l'usurier juif et Portia, aussi courageuse que son homonyme de la pièce Jules César. Il semble que ce sont ces deux rôles qui attirent les acteurs, bien plus qu'Antonio, qui donne son nom à la pièce, et Bassanio, son meilleur ami.
La cause ? Antonio est un personnage uniformément bon, lisse, généreux, prêt à mourir pour honorer sa dette. Bassanio n'a pas plus de relief, si ce n'est qu'il dépense généreusement l'argent qui n'est pas à lui pour faire la cours à Portia. N'était le danger couru par le marchand et leur amitié, ils seraient tous les deux complètement insipides. Shylock est d'une autre trempe.
Certes, il se montre odieux, cruel, abject même quand il souhaite voir sa fille morte, du moment qu'il peut récupérer les bijoux et l'argent qu'elle lui a pris pour s'enfuir avec son amoureux chrétien ou quand il est prêt à prélever lui-même cette "livre de chair" dû par Antonio, alors que Bassanio peut le rembourser. Mais sa tirade sur les souffrances endurées par les juifs est proprement bouleversante par sa justesse. Le lecteur/spectateur peut deviner derrière elle des décennies d'exclusion, de mépris, d'injustice et même si Shylock a un comportement abject, le sort qui lui est réservé ne grandit pas le tribunal de Venise.
Reste Portia, l'un des rôles les plus riches de cette pièce - avec celui, méconnu, du bouffon Lancelot. Portia passe de la jeune fille nimbée d'un aura de mystère, prisonnière des voeux de son père pour trouver un mari, au docteur travesti, ardent défenseur d'Antonio. Elle seule est de taille à se mesurer à Shylock, le doge lui-même n'a pu trouver de faille.
Le marchand de Venise, ou le triomphe de Portia.