Titre : Le cœur régulier.
Auteur : Olivier Adam.
Editeur : Editions de l’Olivier.
Nombre de pages : 232.
Quatrième de couverture :
«Vu de loin, on ne voit rien», disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là «si parfaite ». Le cœur en cavale, elle s’enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises. Nathan prétendait avoir trouvé là-bas auprès d’un certain Natsume. En revisitant les lieux d’élection de ce frère disparu, Sarah a l’espoir de se rapprocher, une dernière fois, de lui; Mais c’est sa propre histoire qu’elle va redécouvrir, à ses risques et périls.
Mon avis :
Ce roman m’attire depuis sa parution. Je me suis demandée combien de temps je tiendrais avant de le lire. J’ai désormais la réponse.
Pour moi, ce roman marque une évolution dans l’œuvre d’Olivier Adam. Nous retrouvons dans ce livre ces thèmes de prédilections : la gémellité, le deuil, la fascination pour le suicide, la dépression. L’écriture est encore heurtée, hachée, prise dans une urgence. Pourtant, un sentiment d’apaisement domine. Il est dû notamment aux descriptions particulièrement riches et colorées. Ses pauses dans le récit apportent une sérénité qui manquait jusque là aux écrits d’Olivier Adam. Puis, si le personnage principal a le temps d’observer ce qui se passe autour d’elle, n’est-ce pas le signe de sa renaissance ?
Comme dans A l’abri de rien, l’héroïne est une jeune femme, minée par la dépression à cause de la perte d’un être cher (une sœur aînée pour l’une, un frère aîné pour l’autre). Si l’une, en dépit de son engagement en faveur des sans-papiers, s’enfonce de plus en plus jusqu’au point de non-retour, l’autre réagit en partant sur les traces de ce frère tant aimé. Elle laisse derrière elle un mari trop parfait (il était pourtant celui qu’il lui fallait pour calmer ses angoisses), ses adolescents très indépendants qui n’ont plus besoin d’elles, des parents et une sœur qui ne sont qu’indifférence. Elle laisse aussi la mysogynie et la compétitivité forcée du monde de son entreprise, les conventions sociales, une certaine rigidité également. Elle veut comprendre ce qui l’avait transformé, elle veut savoir pourquoi il est mort.
Au Japon, ce n’est pas tant son frère qu’elle retrouve qu’elle-même. Natsume, ancien policier, arpente les falaises jour après jour pour empêcher les suicides. Parfois il y arrive, parfois non. Ce qu’il dit à ces personnes est d’une telle simplicité et d’une telle humilité que s’en est confondant - en filigrane, il rappelle que les actes valent mieux que les discours. Tant pis si ce qu’il apprend à Sarah lui fait un peu mal : il trouvera un écho dans les propos rageurs de Clara, la petite sœur négligée : « Seulement, ma pauvre, il n’y a pas d’amour, juste des preuves ». Sarah s’est écartée de son frère parce qu’il lui faisait peur, parce qu’il était ce qu’elle avait peur d’être, et qu’elle avait passé sa vie à mettre des garde-fous entre ce qu’elle voulait être et sa véritable personnalité, comme si l’existence chaotique lui imposait davantage de rigueur.
Ce roman est avant tout l’écriture d’un retour à la vie et non d’un retour avec sa vie et la future naissance de son neveu, l'enfant de son frère, va de paire avec la renaissance de Sarah.