édition 10/18 - 262 pages.
Mon résumé :
Manfred est un vieil homme. Il souffre, et sa douleur est sa compagne. Depuis vingt ans, il rencontre sa femme (ils ne sont pas divorcés) une fois par mois, sur un banc, à Hyde Park. Il n'a pas le droit de voir son visage. Emma l'a quitté un jour, parce qu'il l'avait battue plus fort que d'habitude. Pourquoi battre la femme que l'on aime ?
Mon avis :
Depuis combien d'années n'ai-je pas lu de romans de Robert McLiam Wilson ? Trop. J'avais sans doute aussi peur d'être déçue, après avoir adoré Eureka Street. Bien au contraire, ce roman est tout aussi réussi, et qui plus est, il parle de plusieurs thèmes difficiles.
Il parle, il raconte, il ne juge pas, mais en aucun cas il ne justifie les actes de Manfred. Toute l'histoire est raconté de son point de vue, les chapitres alternent entre le présent morose de Manfred, et les retours en arrière. Après une enfance et une adolescence pendant lesquels il est témoin de la mésentante de ses parents, des échecs de son père et de la montée de l'antisémitisme, Manfred subit l'épreuve de la guerre et devient témoin des pires choses dont l'être humain est capable. Il ne sait pas que d'autres vivent pire encore, en Europe.
Il se marie, il devient père, mais comme il a été incapable d'aimer réellement ses parents et ses frères, il est incapable d'aimer sa femme, de lui montrer, et les coups pleuvent. McLiam Wilson ne nous fait pas de cadeaux - et pourquoi en ferait-il ? - et s'étend longuement sur les conséquences physiques de ses coups. Les plaies, les meurtrissures, les hématomes, les cassures jalonnent le corps d'Emma. Son silence effarant est sa dignité.
J'aimerai en dire plus sur les causes de ce silence, sur les conséquences aussi de sa parole, je ne voudrai surtout pas gâcher votre lecture en en dévoilant trop.
Je dirai simplement : âme sensible, préparez-vous au pire de ce que l'homme peut offrir.
Challenge de littérature irlandaise
Le challenge Voisins voisines organisé par Anne.