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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 01:40

Ours.jpg

édition Belfond - 406 pages.

Merci à Babélio et aux éditions Belfond pour ce partenariat.


Circonstance d'écriture :

 

Toujours autant de mal à rédiger des billets qui me satisfassent. Toujours aussi insomniaque.

 

Mon résumé :

 

1980. Le mari de Letty Flemming est décédé. Suicide, dit-on. A l'ambassade de Bonn où il était en poste depuis sept ans, le mot "traitre" circule. Letty prend alors la décision de partir sur une île d'Ecosse avec ses trois enfants, Georgie, 17 ans, l'aînée modèle, Alba, 13 ans, toute de colère rentrée et Jamie, le petit dernier, hypersensible, que tous ont voulu épargner. Un peu trop peut-être.

 

Mon avis :

 

Je commencerai par une petite déception : bien que ce roman s'appelle l'été de l'ours (traduction littérale de son titre anglais), celui-ci n'est pas le personnage principal du roman. Il aura une place importante (certains chapitres sont racontés de son point de vue) avant d'acquérir une dimension symbolique à travers les yeux du petit Jamie, qui ne parvient pas à faire le deuil de son père mais il n'est pas le sujet central du livre.


Le deuil. Le mot est jeté. L'un des sujets principaux du livre est là. Letty et ses enfants ne peuvent faire le deuil de Nicholas parce que l'oppobre a été jeté sur son nom. Letty est dans un dilemme. D'un côté, elle ne parvient pas à communiquer avec ses enfants, parce que rien n'est plus difficile que de trouver les mots quand la souffrance vous submerge, de l'autre, ceux-ci sentent bien, à travers les non-dits de leur mère et de leurs amis de Bonn que quelque chose ne va pas, quelque chose qui les arrache à cette ville où ils ont vécu sept ans, où ils avaient leurs amis, leurs écoles.


1980 : nous sommes en pleine guerre froide. Si nous lisons un roman sur la seconde guerre mondiale, nous saisissons immédiatement l'arrière-plan historique mais là, combien de lecteurs ont oublié ce qu'était la guerre froide ? D'ailleurs, combien de romanciers consacrent un roman sur cette période pendant laquelle les relations Est-Ouest étaient plus que tendues ? Je pense certes à La taupe de John Le Carré, je pense aussi à Berlin 73 qui présente une vision plutôt riante de la vie à l'Est (sans commentaires). Ici, Bella Pollen montre l'envers du décor, les obligations des femmes de diplomates, et la hiérarchie qui règne entre elles, la manière dont elles doivent se comporter pour que leur mari puisse faire carrière. Elle montre aussi combien il est difficile pour un diplomate de faire son devoir parce qu'il lui a fallu avant toute chose définir en quoi il consistait. Si le mot "espion" peut subjuguer les enfants (et nous faire irrésistiblement penser à James Bond), il est surtout lourd de conséquence pour Letty qui doit non seulement surmonter la mort de son mari mais tenter de comprendre ce qui s'est passé, avec trois enfants à sa charge.

 

Et là, je reviens, presque logiquement, à ce thème du deuil que chacun vivra véritablement à sa manière. La mère, bien qu'elle agisse, est emmurée dans son chagrin, et comme elle ne communiquait plus avec son mari - pour ne pas le déranger, lui avait-on conseillé, en une réminiscence d'un manuel de la bonne épouse des années 60 - elle ne parvient plus non plus à parler avec Alba, sa seconde fille. Alba commence une crise d'adolescende cabarinée, manipulant sa soeur aînée, houspillant son frère, submergée qu'elle est par son mal-être. De nos jours, on dirait qu'elle teste les limites, et qu'une fois qu'elles sont posées, elle trouve un nouveau moyen de les franchir. Georgiana tente de concilier son rôle (ingrat) d'aînée modèle, de confidente de son père et de toute jeune fille. Quant à Jamie, ce doux rêveur, il est celui à qui on en a dit le moins, parce qu'on ne peut pas tout dire à un enfant aussi sensible (encore un préjugé toujours valable). Du coup, Jamie vit une vie quasiment parallèle à celle de sa famille, il voit ce que les autres ne voient pas, les mots et les gestes prennent d'autres sens pour lui. Il est à la fois terriblement attachant et terriblement égoïste. Terriblement résistant aussi.

L'été de l'ours est un roman psychologique (pour l'analyse des sentiments), historique (pour la guerre froid) qui tend parfois vers le conte. Dis ainsi, cela paraît peu crédible, pourtant Bella Pollen réussit à concilier les trois. J'espère maintenant que ses précédents livres seront traduits en français.

 

Challenge-anglaisAntoni : challenge God save the livre. 

challengeQuatreSaisonsChallenge des quatre saisons



 


 

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commentaires

A
Oui, effectivement. Une fratrie singulière en plus.
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S
<br /> <br /> Oui : je suis confrontée par mon métier à de nombreuses fratries singulières.<br /> <br /> <br /> <br />
A
J'ai beaucoup ce récit et les différents points de vue qui nous permettent d'accéder au fin mot de l'histoire. J'ai détesté Alba, et adoré la détester tant elle semble fragile au-delà de son<br /> épouvantable caractère. Trop lucide, trop intelligente pour son âge et pas assez aimée. Un beau moment de lecture.
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S
<br /> <br /> Elle tient une place difficile : l'enfant du milieu qui a eu une grande soeur trop parfaite et devance le garçon tant attendu, tout en étant bien plus brillante.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Encore une fois, tu me donnes envie
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S
<br /> <br /> Ravie .<br /> <br /> <br /> <br />
L
toi aussi ! tu me tentes !!!!!!
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S
<br /> <br /> Ravie : j'assume parfaitement d'être une vile tentatrice.<br /> <br /> <br /> <br />
D
C'est ma prochaine lecture ! Je n'ai lu que des avis positifs jusqu'à présent.
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S
<br /> <br /> Je vais sans doute découvrir les autres avis maintenant : je m'interdis de les découvrir avant de rédiger le mien, pour ne pas être influencée.<br /> <br /> <br /> <br />

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