édition Le livre de poche - 200 pages
Quatrième de couverture :
Un jour d'été, l'époux, l'ami depuis plus de cinquante ans, se perd et ne retrouve plus la sente qu'il a tracé dans les montagnes de Corse. C'est le début, à travers la maladie, d'un isolement et d'un silence qui l'excluent peu à peu de toute vie. La femme raconte ses appels de nuit chez les pompiers, le service d'urgence de l'hôpital où les médecins le soignent du mieux qu'ils savent et où errent, entre les brancarts de grands malades, les excités, les clochards, les rejetés de partout.
Mon avis :
Si j'ai eu du mal à écrire mon avis sur ce livre, c'est parce que le seul et unique avis que j'ai trouvé sur lui était négatif - sans aucune nuance - alors que j'ai éprouvé pour ce livre un véritable coup de coeur.
Françoise Xenakis tisse un chant d'amour et de mort autour de l'homme qu'elle aime. Pas de tabou : elle raconte ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a ressenti devant cet
homme qui lentement perd ses facultés mentales. Elle décrit les urgences, ce dernier refuge pour les désespérés de toute sortes, réceptacles de toutes les misères humaines. Elle parle les
médecins, ceux qui sont entièrement dévoués à leurs patients et y sacrifient leur vie entière. Elle raconte la lente répétition des jours et la progression, insidieuse, du mal. Elle évoque aussi
ses gens si gentils qui lui ont conseillé de placer Iannis, pour "la soulager" et, en corrolaire, la manière dont elle avait aménagé ses journées pour répondre à ses besoins.
Ce récit est entrecoupé par des extraits de quatre oeuvres anciennes, quatre oeuvres qu'elle ne pourrait plus écrire aujourd'hui - et ce sont autant d'hommage à ce
que l'homme qu'elle aime a été.
Je ne dis pas "son mari", volontairement, car les liens qui les unissent sont bien plus étroits que ceux du mariage, et ce n'est pas parce qu'il est "son mari"
qu'elle prend soin de lui. Autre tabou qu'elle n'hésite pas à évoquer de manière courageuse : l'euthanasie. Il est hors de question d'y lire une solution de facilité, mais de respecter la volonté
de l'autre. Il est aussi question du courage qu'il lui faut pour essayer de répondre à ce souhait, courage qu'elle se reproche de ne pas avoir eu.
Regarde, nos chemins se sont fermés est un très beau récit.